Amazone académie

ALLOCUTION DE MARIE-JOSÉE GODI

GRAND GALA JIFA 2022 À TROIS-RIVIÈRES EN MAURICIE
ALLOCUTION DE MARIE-JOSÉE GODI

Le discours intégral de la Marraine de cette 7e édition de la JIFA 2022, Dre Marie-Josée GODI.

Pour votre information, Dre Godi est directrice de santé publique pour la Mauricie et le centre du Québec a été la marraine de cette 7e édition de la Jifa Mauricie.

Bonne lecture d’un discours inspirant.

Toutes les amazones sont fières et reconnaissantes de leur marraine, un réel modèle d’intégration réussie et partagée.

Marraine : Marie-Josée Godi
Activité : Gala de la JIFA 2022
Date : 22 octobre 2022
Heure : 19h 05, mot de MJG :

Bonjour à toutes et à tous,

C’est un honneur pour moi de me joindre au Regroupement des Amazones d’Afrique et du Monde (RAAM) ainsi qu’à toutes les personnes ici présentes pour cette 7 e édition du grand gala de la journée internationale de la femme africaine (JIFA 2022) à Trois-Rivières, en Mauricie.

Une 7 e année pour ce mémorial qui est célébrée chez nous ? Wow!
Félicitations à toutes les personnes qui ont contribué à son organisation au fil des années. Vous avez démontré par votre engagement et votre implication l’importance d’assurer la pérennité de l’événement par tous les efforts que vous avez déployés. Je vous lève mon chapeau ! Mentions spéciales à Mme Elvire Toffa, coordonnatrice au RAAM, au conseil d’administration et à tous les bénévoles qui ont, depuis toutes ces années, veillé à faire de cette journée et du GALA un succès.

C’est un privilège et un immense plaisir d’avoir été choisie comme marraine par le RAAM et son conseil d’administration pour porter cette édition, toute une reconnaissance par mes pairs, les femmes issues de l’immigration et originaires de l’Afrique comme moi.

Mon histoire est, à mon humble avis, loin d‘être aussi exceptionnelle que celle des onze autres femmes inspirantes honorées dans le cadre du gala du RAAM ce soir. (Myriam Makéba, Fatou Dionne, Aminata Traoré, Lupita Nyongo, etc)… Je suis née à Bouaké, une ville située au centre de la Cote d’Ivoire, au sein d’une grande famille de cinq filles et trois garçons. Mes parents nous ont inculqué très tôt l’importance de l’éducation. La réussite éducative était un objectif cher à mon père qui s’est toujours assuré, en accord avec ma mère, que nous ne manquions de rien. Cette valeur est également portée par le RAAM qui encourage et accompagne les femmes à retourner à l’école. C’est tellement important l’éducation, offrez-vous cette belle opportunité!

Après mes études de médecine en Côte d’Ivoire, mon désir de prendre en charge la santé des travailleurs et travailleuses, m’a conduit au Canada pour une spécialisation. J’ai donc déménagé à Montréal en 1999 pour entamer un programme de maitrise en santé au travail et santé environnementale.

Au fil des années, mes choix ont été guidés par un objectif précis : celui de m’intégrer pleinement et d’apporter ma contribution dans la société d’accueil avec détermination, persévérance et courage. Tout au long de ce parcours qui n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, j’ai rencontré des hommes et des femmes extraordinaires. Ils ont été soutenants et significatifs pour moi, des modèles de courage et de bienveillance.

Durant mon parcours, l’appartenance à une communauté a été déterminante et m’a permis de continuer à m’accomplir et m’épanouir selon mes  objectifs. D’abord pour obtenir l’équivalence du diplôme de médecine, puis durant mes études pour obtenir le titre de spécialiste en santé publique et médecine préventive, ainsi que de spécialiste en médecine du travail. Portée par les valeurs de solidarité, de partage, de combativité et de reconnaissance, j’ai réussi à m’intégrer et à développer un sentiment d’appartenance à mon milieu de travail, mon quartier et ma ville. Je pourrais comparer ces valeurs à des graines que l’on sème. Il faut dire que les différents environnements où j’ai semé ces graines, où j’ai créé
petit à petit, mes racines, ont été favorables à ma croissance. En effet, il est bien démontré que nos environnements sont déterminants dans notre  vie, mais nous n’en contrôlons pas tous les aspects comme individu. Au Québec, plusieurs politiques publiques, services et infrastructures sont mises en place pour favoriser la santé de la population et réduire, autant que possible, les inégalités sociales entre les groupes.

Mon rôle, en tant que directrice de santé publique, me permet de participer activement à préserver et améliorer ces environnements dans lesquels nous vivons. Telle une médecin de famille, je regarde le bilan de santé de ma patiente, soit celui de la population. Je l’informe sur son état de santé, j’identifie les facteurs et les situations susceptibles de la mettre en danger. Je m’assure qu’elle bénéficie des meilleurs services prévention et je mobilise les partenaires qui peuvent m’aider à prévenir les maladies, les traumatismes ou les problèmes sociaux qui pourraient avoir un impact sur sa santé. Bien entendu, cela se fait grâce à un grand travail d’équipe où nous misons sur les forces de chaque personne pour atteindre nos objectifs. Cela me ramène à parler de l’importance du réseautage, de la complémentarité et de la solidarité!

Cette 7 e édition du grand gala de la journée internationale de la femme africaine est toute spéciale. Au cours de la pandémie, notre réseau social et bien d’autres éléments de notre quotidien ont été bousculés. Nous avons dû revoir nos façons de faire, s’adapter à une nouvelle réalité imposée et faire preuve de résilience pour traverser cette période d’incertitude. La pandémie de COVID-19 a d’ailleurs affecté davantage les femmes, et ce, pour différentes raisons. Loin de moi l’idée de les victimiser, car elles sont fortes les femmes (je nous inclus toutes ici!).

Je tiens à dire que les objectifs visés par le RAAM me rejoignent totalement, et ce, tant sur le plan personnel que professionnel. Les femmes en général vivent plusieurs difficultés, c’est bien connu (par exemple la problématique de l’équité salariale) et les femmes immigrantes en particulier. Ces dernières semblent plus à risque de pauvreté et de précarité. Cela s’explique notamment en raison de la barrière de la langue,

de l’isolement (qui peut être soit géographique, numérique, culturel, ou autre) ou encore en raison d’un statut imposé par le mari ou le conjoint. Ces différentes situations rendent les femmes plus à risque de vivre de la dépendance économique et psychologique et certains effets pervers qui peuvent en découler (ex. : violence conjugale).

Bon, ce n’est pas très joyeux comme information n’est-ce pas? Mais si j’ai choisi de vous en parler ce soir, c’est pour que nous prenions conscience de la complexité de chaque parcours de vie, de l’impact des gens qui nous entoure et de l’importance des environnements dans lesquels nous  vivons. Ne prenons pas pour acquis qu’une femme a simplement eu de la chance d’être là où elle est aujourd’hui. Pour réussir à s’intégrer et à s’épanouir dans leur communauté, les femmes doivent faire preuve d’ouverture, de résilience et de courage pour faire leur place et peut-être, dans certains cas, aller chercher les services d’aide nécessaires. Ce soir, je nous invite à célébrer et reconnaître d’abord la femme que nous sommes, mais aussi les femmes qui nous entourent (physiquement, virtuellement ou spirituellement).

En terminant, le RAAM joue un rôle clé dans l’épanouissement de la femme à Trois-Rivières. Je crois qu’accueillir les femmes, briser leur isolement, développer leur leadership et leur inclusion socio-professionnelle est bénéfique pour l’ensemble de notre communauté. Soyons solidaires et bienveillantes les unes envers les autres.

À toutes et à tous, je vous souhaite une excellente soirée à l’occasion de cette 7 e édition du gala de la JIFA!

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